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LA VEILLÉE


Vingt ans de plus pèsent un poids bien lourd sur la tête d’un homme ; mais, pour l’ensemble des choses créées, mis à part l’homme lui-même, c’est-à-dire pour la portion la plus grande, la plus durable, la plus vivante de la nature, vingt ans passent comme un souffle de brise, qui effleure et n’entame point.

Vingt ans écoulés ont rendu méconnaissables les personnages de notre récit ; l’enfant s’est fait homme, l’homme est devenu vieillard, le vieillard a cessé de vivre.

Mais le beau château de la Tremlays s’élève toujours, droit et robuste, au bout de son avenue de grands chênes. Si quelques arbres sont morts dans la forêt, d’autres jaillissent du sol et s’élancent, pleins de sève, vers le beau soleil qui chauffe la voûte de feuillage. La Fosse-aux-Loups a gardé ses sombres ombrages et le chêne