Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.

thie bretonne, n’avait songé jamais à vérifier cet on-dit ; à cause de cela, tout le monde était persuadé de son exactitude.

Les opinions étaient seulement partagées sur l’origine de ces souterrains, que, de mémoire d’homme, nul n’avait explorés. Les uns prétendaient que c’étaient tout simplement d’anciens puits d’où l’on retirait autrefois du minerai de fer ; les autres, repoussant cette hypothèse trop simple, affirmaient que ces caves sans limites couraient en tous sens sous la forêt et rejoignaient celles du manoir de Boüexis, où la tradition plaçait un des centres de résistance au contrat d’Union, du temps de la bonne duchesse Anne, cette princesse si populaire en Bretagne, dont les actes sont maudits et dont la mémoire est adorée.

Dans cette seconde hypothèse, le souterrain aurait été un refuge ou un lieu d’assemblée pour les premiers conjurés qui, dans la Haute-Bretagne, portèrent le nom de Frères bretons, sous le règne de Louis XII.

Quoi qu’il en soit, quiconque eût douté de l’existence de ces caves aurait été regardé comme un ignorant ou un insensé.

Aucune trace n’accusait néanmoins leur voisinage, et il fallait qu’elles fussent situées à une grande profondeur, car le chêne atteignait presque le fond du ravin, et ses racines devaient percer au loin le sol.

La circonférence du tronc était énorme, et bien que nul signe de décrépitude ne se montrât dans son vivace feuillage, le vieil arbre, complètement dépourvu de moelle et de cœur, ne se soutenait plus que par l’aubier et l’écorce.