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l’opulent domaine de Treml, nous soulèverons le lambeau de toile servant de porte à la pauvre loge couverte en chaume, et nous introduirons à l’intérieur un regard curieux.

La loge était composée d’une seule chambre. Ses meubles consistaient en un grabat et deux escabelles. Au lieu de plancher, le sol nu et humide ; au lieu de plafond, le revers de la couverture, c’est-à-dire le chaume, supporté par des gaules qui servaient de solives. Dans un coin un peu de paille, et sur la paille un homme endormi.

Sur le grabat un autre homme veillait : c’était un vieillard que l’âge et la maladie avaient réduit à une extrême faiblesse. Il souffrait, et ses deux mains qui serraient sa poitrine semblaient vouloir étouffer une plainte.

L’homme qui gisait sur le grabat et celui qui dormait sur la paille avaient entre eux une ressemblance frappante. Leurs traits étaient également pâles et comme effacés ; tous deux avaient des chevelures de neige. C’était évidemment le père et le fils ; mais l’âge avait blanchi la chevelure du vieillard, tandis que le jeune homme, créature monstrueuse, avait apporté en naissant ce signe ordinaire de la décrépitude.

C’était Jean Blanc, l’albinos.

Une douleur plus aiguë arracha au vieillard un cri plaintif. Jean bondit sur la paille froissée de sa couche et fut sur pied en un instant. Il s’approcha du grabat et prit la main de son père qu’il pressa silencieusement contre son cœur.

— J’ai soif, dit Mathieu Blanc.