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Il déposa un dernier baiser sur le front de l’enfant et s’enfuit parce que l’émotion brisait son courage.

Dans la cour, Hervé de Vaunoy tenait le cheval sellé par la bride. Ce modèle des cousins voulut à toute force faire la conduite à M. de la Tremlays jusqu’au bout de son avenue. Quant à Loup, on fut obligé de le mettre à la chaîne pour l’empêcher de suivre son maître.

Au bout de l’avenue, M. de la Tremlays arrêta son cheval et tendit la main à Vaunoy.

— Retournez au château, dit-il ; nul ne doit savoir où se dirigent mes pas.

— Adieu donc, monsieur mon excellent ami ! sanglota Vaunoy. Mon cœur se fend à prononcer ces tristes paroles.

— Adieu ! dit brusquement le vieillard. Souvenez-vous de vos promesses et priez pour moi.

Il piqua des deux. Le galop de son cheval s’étouffa bientôt sur la mousse de la forêt.

Hervé de Vaunoy, resté seul, garda pendant quelques instants son visage contristé, puis il frappa bruyamment ses mains l’une contre l’autre en éclatant de rire.

— Saint-Dieu ! dit-il, on m’a donné place en un petit coin, j’avais talent et bonne volonté, tout le reste y a passé. Bon voyage, monsieur mon digne parent ! soyez tranquille ! nous accomplirons pour le mieux nos promesses, et vos domaines iront en bonnes mains !

Il rentra au château la tête haute et le feutre sur l’oreille. En passant près de Loup, il frappa rudement le pauvre chien du pommeau de son épée en disant :

— Ainsi traiterai-je quiconque ne pliera point devant moi.