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— Georges ? balbutia le capitaine ; vous vous trompez, mon ami.

— Non, non ! je ne me trompe pas. Cette médaille, c’est moi qui l’ai mise à votre cou, il y a vingt ans, par une nuit terrible où Vaunoy tenta encore de vous assassiner : car il y a bien longtemps qu’il vous poursuit, notre jeune monsieur. Et moi qui avais peur ! grand’peur ! quand je vous voyais errer sous le couvert, autour de ma maison ! Comme si un Treml pouvait tromper, comme si tout ce qu’il y a de bon, de noble, de généreux, de loyal, ne se trouvait pas toujours réuni à coup sûr dans le cœur d’un Treml !

— Mais, voulut encore objecter Didier qui restait incrédule ; dans tout ce que vous venez de dire, je ne vois point de preuve.

— Point de preuve ! s’écria Pelo ébahi. Votre regard n’est-il pas celui de monsieur Nicolas : Votre voix, votre âge, la médaille, la haine de Vaunoy, qui vous a volé votre immense héritage… Écoutez ! ajouta-t-il tout à coup en se dressant sur ses pieds : Vous aviez près de six ans alors, et Dieu m’a donné un visage qu’on ne peut oublier quand on l’a vu une fois…

— Je ne vous reconnais pas, interrompit Didier.

Pelo Rouan s’élança hors de la chambre. On entendit dans la pièce voisine un bruit d’eau agitée et ruisselant sur le sol.

Puis il se fit un silence.

Puis encore un homme de grande taille, vêtu de peau de mouton blanc et dont la face blafarde était mouillée comme s’il se fût abondamment aspergé, se rua dans la