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d’y couler deux balles sur une copieuse charge de poudre.

Cela fait, il visita fort attentivement la batterie et se glissa hors de la loge.

Il n’alla pas loin : il grimpa sans bruit le long du tronc droit et lisse d’un bouleau planté devant la fenêtre de Marie et dont les branches passaient par-dessus la loge.

Il s’assit sur l’une de ces branches, de telle façon que, caché par le tronc, il pouvait plonger son regard dans l’intérieur de la chambre de Marie.

En ce moment, Fleur-des-Genêts vint ouvrir sa fenêtre. L’âme de Pelo Rouan passa dans ses yeux. Le ciel à l’orient prenait une teinte rosée.

Marie fit d’abord ce qu’elle faisait chaque matin. Elle s’agenouilla, joignit ses petites mains blanches sur l’appui de la croisée et dit sa prière à Notre-Dame de Mi-Forêt.

Le jour naissait. Les oiseaux chantaient.

La chambrette de Fleur-des-Genêts était un nid, tout frais et tout gracieux, pris sur la largeur de la sombre pièce où couchait le charbonnier. Les murs en étaient blancs et parsemés de bouquets de fumeterre, jolie fleur qui, selon l’antique croyance des gens de la forêt, a la propriété de chasser la fièvre.

Vis-à-vis de la fenêtre un petit lit de chêne noir, sans pieds ni rideaux, donnait à la cellule un aspect de virginale austérité.

Au-dessus du lit il y avait un pieux trophée, formé d’un bénitier de verre, d’une image taillée de Notre-Dame et d’une branche de laurier-fleur, bénite le