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qu’il n’y en a dans mes veines, et il est encore debout. Si l’autre allait finir son somme, nous serions ici à terrible fête.

Jude pâlissait et haletait.

— Éveillez-vous, monsieur le capitaine ! cria-t-il encore d’une voix affaiblie déjà. Éveillez-vous !

— Pourquoi ne pas lui donner le nom de son père, mon compagnon ? demanda Lapierre avec ironie. Allons ! ne te gêne pas. Ce nom, prononcé en ce lieu, aurait peut-être une vertu magique.

Jude ne comprenait point. Il mit la main sur une de ses blessures afin d’arrêter le sang : mais Lapierre impitoyable et pressé d’en finir, simula une attaque qui le força de se remettre en garde.

Le sang coula de nouveau.

— Éveillez-vous, monsieur, éveillez-vous ! cria pour la troisième fois Jude, qui s’appuya, épuisé, aux colonnes du lit.

Didier dormait toujours.

Jude, à bout de forces, lâcha son épée, glissa le long du lit et tomba dans son sang.

— Dieu ne veut pas que je meure pour Treml ! murmura-t-il avec un douloureux regret.

— Et pour qui donc meurs-tu, mon brave garçon ! s’écria Lapierre en éclatant de rire. Est-ce que, par hasard, tu ne saurais pas ?… Ce serait une excellente plaisanterie.

Il s’approcha de Jude qui respirait avec effort et ne bougeait plus.

— Mon compagnon, dit-il en lui tâtant le pouls, tu as encore trois minutes à vivre pour le moins. Veux-tu que