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gardé son dépôt aussi fidèlement que le chêne de la Fosse-aux-Loups.

Ces derniers mots firent sauter Jude sur son banc.

— Le chêne de la Fosse-aux-Loups ! balbutia-t-il.

— Le creux du chêne de la Fosse-aux-Loups, répéta Pelo Rouan.

Si l’obscurité eût été moins épaisse, on eût pu voir Jude changer deux ou trois fois de couleur dans l’espace d’une seconde. Il prit entre ses doigts de bronze le bras du charbonnier, et le serra convulsivement.

— Qui que tu sois, tu en sais trop long ! dit-il d’une voix basse et menaçante.

Le bras de Rouan était bien frêle pour appartenir à un homme de sa taille. La force de Jude était si évidemment supérieure qu’il semblait que le bon écuyer ne dût avoir qu’un geste à faire pour renverser son hôte sous ses pieds.

Néanmoins, celui-ci garda une contenance tranquille et se renferma dans le silence.

— Qui t’a dit cela ? poursuivit Jude dont la voix tremblait. Sur mon salut, il faut que tu donnes ton âme à Dieu, car tu as surpris le secret de Treml, et c’est moi qui suis le gardien de ce secret.

Et Jude, sans lâcher le bras de Rouan, porta vivement la main à son épée.

Mais, pendant que le bon écuyer dégainait, le maigre bras de Pelo Rouan tourna entre les doigts robustes : les muscles de ce bras se tendirent et devinrent d’acier.

Jude voulut serrer plus fort, et ses doigts choquèrent la paume de sa main, qui était vide.