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Dans l’un des angles opposés à la porte, une planche inclinée, recouverte de paille, servait sans doute de lit à l’un des habitants de cette pauvre retraite. Le reste de l’ameublement consistait en deux bancs et quelques escabelles qui entouraient une table de bois simplement dégrossi.

Rien dans tout cela qui pût servir au sommeil d’une jeune fille. Marie devait avoir une autre retraite.

Entre Jude et le jour, il y avait la silhouette entièrement noire d’un homme assis, comme lui, sur un banc. Les deux points ronds et lumineux que Jude avait aperçus dans l’obscurité se trouvaient maintenant entre lui et le jour : c’étaient les yeux d’un homme.

— C’est vous qui êtes le charbonnier Rouan ? lui demanda Jude.

— Je suis en effet celui qu’on nomme ainsi, mon compagnon ; et je te répète : sois le bienvenu dans ma maison ; je t’attendais.

— Vous me connaissez donc ?

— Peut-être bien, mon homme.

— Moi, je ne puis dire si je vous connais, car je ne vois point votre visage.

Pelo se leva en silence, prit la main de Jude et le conduisit au seuil. Là, il exposa en plein sa face noircie aux rayons du jour.

— Je ne vous connais pas, dit Jude après l’avoir attentivement examiné.

Pelo Rouan regagna sa place première, et Jude le suivit.

— Tu as raison, dit lentement le charbonnier, tu ne