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que la position des Loups est inexpugnable, et ne prétends point courir les chances d’une attaque au moins tant que les deniers de Sa Majesté ne seront point à couvert. Il me faut, à moi aussi, des positions dans la forêt, et je vous demande, à vous, monsieur de Vaunoy, votre château de la Tremlays, à vous, monsieur l’intendant royal, votre maison de plaisance de la Cour-Rose.

— Ma folie !, s’écria Béchameil ; et qu’en prétendez-vous faire, monsieur ?

— Je ne sais : peut-être une place d’armes.

— Mais il y a des tapis dans toutes les chambres, monsieur ; il y en a pour vingt mille écus…

— Fi ! monsieur de Béchameil, fi ! voulut interrompre Vaunoy.

Cette fois le financier se montra rétif.

— Il y a, continua-t-il, des meubles sculptés, incrustés, dorés : il y en a pour trente mille écus, monsieur !

— Fi ! monsieur de Béchameil, fi ! répéta Vaunoy.

— Il y a des porcelaines du Japon, de la faïence d’Italie, des grès de Suisse, des cristaux de Suède. La batterie de cuisine seule vaut quatorze mille cinq cents livres, monsieur. Et vous voulez mettre tout cela au pillage ! Vos soldats dévaliseraient mon garde-manger ; ils boiraient ma cave… ma cave qui est la plus riche de France et de Navarre ! Ils écailleraient mes mosaïques, crèveraient mes tableaux, briseraient mes cristaux, que sais-je ! Une place d’armes ! Morbleu ! monsieur, pensez-vous que j’aie fait bâtir ma folie pour héberger vos soudards !