Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/126

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tait, à tant de séductions diverses, un charme précisément extraordinaire.

Alix ne ressemblait point à son père, et encore moins à sa tante. Elle était grande, et néanmoins sa taille, exquise dans ses proportions, gardait une grâce pleine de noblesse. Son front large avait, sous les noirs bandeaux de ses cheveux sans poudre, une expression de fière pudeur qu’adoucissait le rayon de son grand œil bleu. Son regard était sérieux et non point triste, et de même que les pures lignes de sa bouche annonçaient une nature pensive plutôt que mélancolique.

C’était le type parfait de la femme, vigoureuse dans sa grâce, alliant la sensibilité vraie à la fermeté digne et haute, sachant souffrir, capable de dévouement jusqu’à l’héroïsme.

Hervé de Vaunoy s’était marié un an après le départ de Nicolas Treml. Sa femme était morte au bout de l’autre année. Alix était le seul fruit de cette union. Elle avait dix-huit ans.

Il nous reste à parler de M. l’intendant royal de l’impôt.

Antinoüs de Béchameil, marquis de Nointel, était un fort bel homme de quarante ans et quelque chose de plus. Il avait du ventre, mais pas trop, le teint fleuri et la joue rebondie. Son menton ne dépassait pas trois étages, et chacun s’accordait à trouver son gras de jambe irréprochable.

Au moral, il prenait du tabac d’Espagne dans une boîte d’or si bien émaillée que toutes les marquises y inséraient leurs jolis doigts avec délices. Son habit de cour avait des boutons de diamant dont chacun valait