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— Maître, dirent-ils en soulevant leurs bonnets ? qu’avez-vous vu !

Pelo Rouan haussa les épaules.

— C’est grand dommage que vous n’habitiez point la bonne ville de Vitré, dit-il. Vous êtes curieux comme des vieilles femmes, et vous feriez d’excellents bourgeois. J’ai vu un rustre déterrer deux douzaines d’écus de six livres qu’il avait enfouies en ce lieu.

Les deux Loups se regardèrent.

— Cela fait plus de deux cents piécettes de douze sous à la fleur de lis, grommela l’un d’eux, et il y en a peut-être d’autres.

— Cherchez, dit Pelo Rouan avec une indifférence affectée. Moi, je vais veiller à votre place.

Les deux Loups hésitèrent un instant, mais ce ne fut pas long. Ils touchèrent de nouveau leurs bonnets et regagnèrent leurs postes.

Pelo Rouan remit son masque en peau de mouton.

— C’est bien, dit-il ; mais souvenez-vous de ceci : quand je suis là, mes yeux veillent avec les vôtres, je puis pardonner un instant de négligence. Quand je m’éloigne, la négligence devient trahison, et vous savez comment je punis les traîtres. On a vu des soldats de la maréchaussée dans la forêt, et peut-être en ce moment même des yeux ennemis interrogent les profondeurs de ce ravin. La moindre imprudence peut livrer le secret de notre retraite. Prenez garde !

Le charbonnier prononça ces mots d’une voix brève et impérieuse. Les deux Loups répondirent humblement :