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monde des gens du roi, sa position lui attirait une faveur à laquelle ne nuisait point sa bonne mine.

À cette époque, la reine des salons dans la capitale bretonne était Mlle Alix de Vaunoy de la Tremlays, noble créature dont le charmant visage était moins parfait que l’esprit, et dont l’esprit ne valait point encore le cœur. Didier l’avait vue au palais même du prince gouverneur qui, pendant son séjour dans la province, tenait une véritable cour. Il s’était senti attiré vers elle.

Alix, de son côté, n’avait point dissimulé le plaisir que lui causait cette recherche. Le monde avait remarqué leur naissante et mutuelle sympathie.

M. de Vaunoy seul semblait ne s’en point apercevoir ou y prêter volontairement les mains, ce qui surprenait fort chacun.

On savait, en effet, que Vaunoy avait pour l’établissement de sa fille unique des prétentions fort élevées, et qui ne s’attaquaient à rien moins qu’à M. de Béchameil, marquis de Nointel, intendant royal de l’impôt et l’un des plus opulents financiers qui fussent alors en Europe.

Nonobstant cela, Vaunoy, qui avait d’abord regardé le jeune officier de fortune avec un dédain tout particulier, l’attira bientôt chez lui et lui fit fête tout autant qu’aux héritiers des plus puissantes maisons.

Si ce n’eût point été là une circonstance positivement insignifiante pour le public, on aurait pu remarquer que ce changement étrange avait coïncidé avec l’acquisition que fit Vaunoy d’un certain Lapierre, valet du prince gouverneur.