Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 4 - 1850.djvu/252

Cette page n’a pas encore été corrigée

244 LE JEU DE LA MORT.

C'était au moins un prétexte pour aller voir son frère.

Madame de Marans sommeillait encore. Clé- mence traversa sa chambre sur la pointe des pieds, non sans jeter vers l’alcôve un regard furtif et attendri ; puis elle entra chez M. le doc- teur Gabriel.

Chambre de jeune homme : ce docteur était si jeune! Nous ne voulons point dire pourtant que cela sentit l'étudiant en médecine. Fi! Ga- briel avait des défauts, il avait même des vices, et le mauvais sentier où il s’engageait devait le conduire bien près du crime, mais il se mettait bien, ce garçon-là! Il eût fait tache dans un estaminet de la rue Saint-Jacques. Sa chambre était honnête, élégante, un peu artiste peut- être, pas trop; l'héritier d’un banquier aurait pu y vivre.

Or, l'héritier d’un banquier, c’est le bouton de rose de notre jardin républicain.

Il n’y a plus de marquis, Dieu merci! Love- lace n’est plus gentilhomme, et don Juan s’ap- pelle Judas, tout simplement, comme un Israé- lite vertueux.

Vive la réforme!

Gabriel dormait, lui aussi, mais c'était un sommeil fiévreux et agité qui se fatiguait en