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PROLOGUE.

PROLOGUE. 85

mieux voir la lune. Que le diable emporte les enfants miracles !

Les enfants prodiges sont la plaie d’un pays. Ils deviennent tous professeurs. Ils font tous des tragédies, à moins qu’ils ne découvrent des pla- nètes, lesquelles n’en peuvent mais!

Tiennet avait tout bonnement l'intelligence inquiète, éveillée avant l'heure, la volonté au- dacieuse , la raison froide et le cœur brû- Jant.

Tout cela était vierge, principalement le cœur.

11 était riche de séve, de jeunesse, de volonté. Il pouvait beaucoup ; il doutait déjà.

L’opulence de sa nature était comme une menace terrible ou une splendide promesse.

Æt personne, nous ne parlons plus des obser- vateurs du bourg de Vesvron , n'aurait su choi- sir entre la promesse et la menace.

Car il n'y avait à toute cette richesse qui allait briller au soleil de la vie, à toute cette vigueur qui allait résolüment s'épanouir, aucun frein ni aucune direction.

En Tiennet Blône, à seize ans, le bon et le mauvais surabondaient et s’exagéraient, voilà tout ce que nous avons voulu dire. Au temps des métaphores classiques, on aurait volontiers com-

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