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PROLOGUE.

PROLOGUE. 55

Jean de la Mer retrouva sa voix de comman- dement pour dire :

— N'entrez pas! Je veux être seul.

— C'est moi, mon bien cher oncle, murmura Fargeau dans le corridor ; je reviendrai quand il vous plaira de me recevoir.

On entendit son pas s'éloigner.

Et Berthe, qui avait, comme tous les aveugles, le sens de l’ouïe extrêmement sensible, entendit encore autre chose.

C'était le pas de Fargeau qui revenait bien doucement, bien doucement.

Berthe devinait que le regard de Fargeau était à Ja serrure. j

— Ma fille, dit Jean de la Mer après un long silence, prends la clef de mon coffre qui est là, sur le guéridon, et va l'ouvrir.

Comme la jeune fille obéissait, Jean de la Mer la suivait des yeux, et il y avait dans sos regard une sorte de tendresse.

Le coffre fut ouvert.

—— Sur le devant, il‘y a des papiers, pour- suivit le vicillard ; prends les deux premiers et apporte-les-moi.

Berthe obéit encort. Elle apporta deux feuilles doubles de ce papier épais et rude sur lequel le fise a coutume d'apposer ses deux timbres.