Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/110

Cette page n’a pas encore été corrigée
100
LE JEU DE LA MORT.

100 LE JEU DE LA MORT.

Il y eut un second choc. Cette fois Argent recula du coup et son poitrail gémit.

Sa tête, rejetée en arrière avec force, retomba en avant et toucha le niveau de l'eau.

Tiennet Blône se mit à la nage.

Pauvre Argent! C’était maintenant Tiennet qui s’efforçait, car Argent ne pouvait plus.

Tiennet avait passé la bride à son cou; il nageait, il nagcait, essayant d’entrainer Argent vers la rive.

On la voyait, la rive, car le matin naissait. De vagues lueurs perçaicnt les nuages.

On la voyait. Elle était là bien près. Mais bien près aussi était la chute de Braix, dont le fracas dominait maintenant tous les autres bruits.

Argent tendait le cou. Argent se débattait, impuissant désormais, blessé, privé de souffle, rendu.

Une minute sc passa, durant laquelle Tiennet, luttant avec une énergie terrible, prodigua tout ce qu'il avait de courage et de force.

Cette minute fut longue comme un siècle.

Quand elle fut écoulée, Tiennet vit bien qu’il trainait après Jui un corps inerte et déjà pres- que sans vic.

La chutc était à vingt pas au-dessous de lui.