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ments souterrains. — Peut-être restait-on quelquefois des semaines sans y mettre les pieds. — C’était la mort.

Cette idée fit descendre en son âme une sorte de consolation recueillie.

Il sentit sa fatigue reposer. Sa douleur amère se calma, l’espoir entra dans son cœur comme un homme.

Mourir ! — Il avait déjà bien souffert ; et Dieu, qu’il priait bien pieusement tous les jours, lui gardait une place en son saint paradis.

Il joignit ses mains et invoqua la Vierge, dont sa mère en mourant lui avait dit le nom béni.

Puis ses yeux se fermèrent et un sourire descendit sur ses lèvres entr’ouvertes.

Il n’avait plus peur. — L’obscurité ne gardait point pour lui de fantômes. — Il s’endormit.

Au-dessus de son front, les rêves inclinèrent l’image souriante de Bleuette…

Le lendemain, lorsqu’il s’éveilla, l’obscurité n’avait point diminué. Il faisait encore grand jour sans doute au dehors, mais nulle fente, nulle fissure ne donnait passage à la moindre échappée de lumière.

Au réveil, le cœur est faible ; René se sentit repris de terreurs vagues. Il éleva la voix pour rappeler son père et ses frères. — Personne ne répondit.

Il se leva de sa couche improvisée et fit, en se guidant de son mieux, le tour de sa prison.

Ses pas, que nul indice ne guidait, s’égarèrent bien souvent ; et bien longtemps il tourna sur lui-même, sans pouvoir prendre une direction quelconque.

Mais enfin il trouva la porte qui donnait entrée dans la salle où les Carhoat avaient soupé. — Il y pénétra.

Il se heurta bientôt à la table dressée au milieu de la pièce, et qui contenait, parmi les pots vides, quelques débris du repas de la veille.

René mangea et se sentit reprendre de la force.

Il tâtonna encore, il chercha, c’était un enfant ; les idées de mort solitaire qui l’avaient consolé la veille, l’épouvantaient maintenant.

Il s’arrêtait parfois, fatigué, et se laissait choir, les larmes aux yeux, en appelant du secours.

Puis, comme rien ne répondait à ses cris, un peu de courage secouait son désespoir. Il se relevait et il cherchait encore.

Mais partout il trouvait la muraille humide et sans issue.

Enfin le hasard lui fit heurter du pied la dernière marche de cet escalier par où le chevalier de Briant avait fait, la veille, son entrée inattendue.

Où conduisait cet escalier ? le pauvre enfant ne se le demanda même point. Il monta, guidé par cet instinct qui pousse le désespoir à essayer toutes chances.

L’escalier s’enfonçait étroit et roide dans le roc. René pouvait en toucher à la fois les deux murailles. — Les marches ne montaient point en ligne directe, elles tournaient à chaque instant, suivant les veines terreuses qui se trouvaient dans la pierre vive. Elles s’arrêtaient même souvent pour aboutir à des couloirs