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AVENTURES DE NUIT


Une obscurité profonde régnait dans les corridors du château de Presmes. À peine monsieur le chevalier de Briant s’y fut-il engagé, qu’il crut entendre un pas furtif devant le sien, à une distance considérable.

Dans la position où était le chevalier, on aime à tout savoir, parce que le plus mince mystère a sa portée : de même qu’il n’est arme si petite qu’elle ne puisse porter coup à l’occasion, dirigée par une main habile.

Le chevalier s’arrêta pour écouter. Des pas continuaient à retentir sourdement, et il lui sembla qu’ils descendaient l’escalier du second étage.

Il se glissa doucement le long de la muraille, jusqu’au milieu du corridor à peu près.

Ses yeux s’habituaient à l’obscurité. — L’escalier débouchait dans le corridor juste en face d’une croisée qui laissait passer les rayons amoindris du croissant prêt à se coucher.

Le chevalier vit une forme noire franchir la dernière marche, tourner court et s’engager dans le grand escalier du premier étage.

Il suivit de loin ladite forme noire, — qui n’était point un fantôme, mais bien le pauvre Hervé Gastel en mal de jalousie.

Hervé s’était tant et tant promené dans sa petite chambre qu’il avait gagné la fièvre. Il fallait à tout prix qu’il vit Bleuette, pour tirer un peu au clair cette terrible affaire du soldat du roi.

Il sortit de la maison par la porte vitrée du jardin dont il décrocha très-adroitement à tâtons les forts contrevents.

Une fois dans le jardin, il prit sa course en se dirigeant vers la muraille du parc.

Le chevalier le suivit encore.

À ce bruit de pas, une des fenêtres de l’aile droite se ferma brusquement et une lumière qui brillait derrière de blancs rideaux de mousseline, s’éteignit tout à coup.