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coup son sourire pour prendre un grand air d’inquiétude ; a-t-il donc passé une mauvaise nuit ?

— Très-mauvaise, répliqua la jeune fille, dont le visage espiègle copiait de son mieux celui de sa maîtresse.

— Mon Dieu, mon Dieu ! murmura Petite, que ne donnerais-je pas pour lui rendre la santé !

Nina baissa les yeux, comme si elle eût craint leur franchise indiscrète. L’autre camériste, moins initiée, fut émue de bonne foi et plaignit de tout son cœur l’inquiétude douloureuse de madame de Laurens.

— Les deux médecins sont là, reprit Nina, depuis ce matin… et le valet de Monsieur dit qu’ils ont l’air bien embarrassés !

— Il faut que je le voie, s’écria Petite, qui avait dépouillé sa gracieuse nonchalance ; pauvre Léon !… Et moi qui dormais tranquille !

Elle s’élança, empressée, vers la porte qui conduisait à la chambre de l’agent de change ; mais avant de franchir le seuil, elle appela du geste Nina, qui s’approcha aussitôt.

— Fais atteler, dit-elle à voix basse.

— Le coupé ? demanda la jeune fille.

— Le coupé.