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de la Tremlays, il ôta son feutre et tamponna son front ruisselant de sueur en aspirant l’air à pleine poitrine.

— Saint-Dieu ! murmura-t-il, deux fois la corde au cou en quarante-huit heures, c’est une rude vie !… Je le ferai comme je l’ai dit : je quitterai la Bretagne… Avec le prix du domaine de Treml, je serai partout un grand seigneur… Mais qui eût cru que ce misérable fou de Jean Blanc vécut encore ? Saint-Dieu ! que je le tienne une fois en mon pouvoir, et il ne me mettra plus jamais en joue ni sous le couvert ni dans la plaine.

Il continua de marcher durant quelques minutes en silence, puis il s’arrêta tout à coup et un sourire de satisfaction entr’ouvrit ses minces lèvres.

— À tout prendre, dit-il, je m’en suis tiré à bon marché ! ma déclaration pourra donner un nom à ce petit Georges Treml, si M. de Béchameil et le parlement ne trouvent pas moyen de rabattre ses prétentions, ce qui est fort à espérer, — mais, en tout cas, ce griffonnage ne peut m’enlever mon domaine. J’ai un acte de vente en bonne et due forme, saint-Dieu ! j’ai des amis au parlement, et une possession de vingt années est bien quelque chose… Certes, j’aimerais mieux M. le capitaine mort que vivant, mais puisque le hasard le protège, qu’il vive ; je m’en lave les mains et fais serment de ne jamais lui rendre un denier de son héritage…

M. de Vaunoy, tout en soutenant avec lui-même cet intéressant entretien, était arrivé à la porte du château. Il entra.

Jean Blanc, lui, après le départ de son prisonnier, demeura quelques instants plongé dans ses réflexions ; puis, avec l’aide de Yaumi, qui était de retour, il se noircit le visage et reprit son costume de charbonnier.

Cela fait, il quitta le souterrain, descendit au fond du ravin et entra dans le creux du grand chêne. Il s’était muni d’un outil pour creuser la terre.

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