Pourtant, Johann et lui vinrent naturellement à parler du meurtre. Geignolet saisit quelques paroles à la volée et les mit telles quelles dans sa mémoire.
Au bout de dix minutes, il vit Johann tirer de sa poche une bourse qu’il remit à Jean, et tous deux s’éloignèrent.
— Hue ! gronda l’idiot en les suivant de loin ; je vais dire tout ça à la petite Gertraud…
Johann et Jean Regnault abordèrent Fritz sur le seuil des Deux-Lions ; Johann prononça quelques mots, et l’ancien courrier de Bluthaupt, affaissé déjà sous ses libations matinales, marcha silencieusement à ses côtés.
Ils arrivèrent tous trois, suivis toujours par Geignolet, jusqu’à l’allée humide et noire conduisant au cabaret des Quatre-Fils.
— Oh ! hé ! fit Johann sans se donner la peine d’entrer ; oh ! hé ! les camaros ! en route !
Mâlou, tenant au bras Bouton-d’Or, et Pitois, remorquant la grande duchesse, arrivèrent à ce signal.
— Nous voilà parés, dit Mâlou ; faites-vous la conduite, papa Johann ?
— Et vos bagages ! demanda celui-ci.
— Pas de bagages, répondit Blaireau ; nous ne nous chargeons que de passe-ports, très-bien faits, et de nos épouses.
— Comment ! vous ne partez pas seuls ? murmura le cabaretier, dont les sourcils se froncèrent.
Bouton-d’Or et la grande duchesse lui rirent au nez le mieux du monde, et la petite fille ajouta, en dessinant un geste de polka très-avancé :
— Ça t’étonne, mon vieux vilain !… Comment se portent l’Amour et sa perruque ?
Johann secoua la tête avec une mauvaise humeur croissante.
— On n’avait pas mis ça dans le marché, dit-il.
— Nous nous y mettons, mon bauffeton, riposta Bouton-d’Or.
— Que voulez-vous, papa Johann, ajouta Mâlou, ces dames veulent faire un voyage sur les bords du Rhin ?
Johann haussa les épaules et ouvrit la marche. La caravane s’ébranla sur ses traces.
Jean marchait côte à côte avec Fritz. À voir la répugnance peinte sur