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dans son cerveau. Il sentait naître en son cœur un doute touchant la loyauté de son parent Hervé de Vaunoy ; et ce doute, à peine conçu, grandissait, grandissait jusqu’à devenir terrible comme une certitude. Il croyait entendre la voix menaçante et lointaine du pauvre albinos, et cette voix lui disait la ruine de sa race.

Il jeta un regard découragé vers Jude, et se repentit de lui avoir fait rendre son épée.

— Reprends ton arme, mon homme, cria-t-il. Passe sur le corps de ces muguets et va-t’en veiller sur l’enfant.

Jude obéit comme toujours. Un puissant effort le dégagea des mains qui le retenaient ; mais la foule s’était augmentée ; les valets et les palefreniers avaient rejoint la cour. Jude fut terrassé. En tombant, il tourna vers son maître ses yeux pleins d’une respectueuse tristesse.

— Je n’ai pas pu ! murmura-t-il comme s’il eût voulu excuser une désobéissance.

Nicolas Treml courba la tête.

— Pauvre Georges ! dit-il ; que Dieu me punisse et le prenne en pitié !

Madame de Carnavalet, jugeant que son évanouissement avait été suffisamment prolongé, reprit ses sens ; le régent donna le signal du retour.

Tout le long de la route, il se montra d’une fort aimable gaieté. Seulement, en montant le perron du château, il se pencha à l’oreille de l’abbé Dubois, et prononça le nom de Bastille. Dubois s’inclina en signe d’obéissance.

C’était l’arrêt de Nicolas Treml et de l’honnête Jude, son écuyer.

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