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ÉPILOGUE.


On était au dernier jour du mois de février. Six heures venaient de sonner à l’horloge enrouée de la prison de Francfort-sur-le-Mein. Maître Blasius, le geôlier en chef, dînait tout seul d’un air mélancolique, et trouvait à peine la force de se verser de temps à autre quelque ample rasade de vin du Rhin. Il se disait :

— Ce n’étaient que des bâtards, après tout ! et le sang de Bluthaupt était mélangé dans leurs veines !… c’est égal ! je ne m’attendais pas à cela !… Mettre ainsi dans l’embarras un vieux serviteur de la famille !…

Il poussa un gros soupir et but un grand verre.

— J’ai retardé tant que j’ai pu ! reprit-il ; mais la visite se fera demain, c’est bien sûr !… et ils ne seront pas là !… Morbleu ! c’est que le sénat est bien capable de me planter dans une cellule, à leur place !…

Il repoussa son assiette et mit sa tête chauve entre ses deux mains.

— Ah ! maître Blasius ! maître Blasius ! murmura-t-il d’une voix gémissante, votre bon cœur vous a fait faire bien des sottises en votre vie !…

— On vous demande, maître Blasius ! dit en ce moment un guichetier qui montra sa tête à la porte.

— Qu’on entre ! répondit le geôlier en chef, avec l’insouciance du découragement.

La porte s’ouvrit tout à fait, et trois hommes vêtus de longs manteaux écarlates entrèrent.