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sième amazone, venant comme les deux autres de l’étang de Geldberg, tourna court à quelques pas de lui et enfila au grand galop l’avenue. Elle passa si près de Reinhold qu’il sentit le vent de sa course,

— Aux ruines… dit-elle.

Reinhold avait reconnu madame de Laurens.

Quelques minutes après, les gens qu’il attendait arrivèrent presque en même temps. C’étaient le docteur portugais et Fabricius Van-Praët.

— Ma foi ! dit le Hollandais en s’essuyant le front, voici une belle fête… J’avais une idée, tout en galopant sur ce diable de cheval qui me secoue les côtés !… On aurait pu faire un ballon…

— Ah ! ah ! interrompit Reinhold, qui ne put s’empêcher de sourire, en songeant à l’ancien métier de Fabricius.

— Un ballon, répéta ce dernier, pareil à celui que j’enlevai à Leyde en 1820… C’était un aérostat de forme ovale, au centre de gravité duquel était attachée une corde qui, soutenait un cercle d’artifice…

José Mira haussa les épaules.

— Nous ne sommes pas venus pour parler de fadaises, dit-il.

— Mon excellent ami, répliqua vivement Fabricius, la science aérostatique n’est pas une fadaise… et vous verrez que les ballons remplaceront les chemins de fer !… En attendant, vous avez un peu raison… parlons du présent… Ne verrons-nous pas le Madgyar ?

— Le Madgyar ne veut point se mêler de cette affaire, répondit Reinhold ; d’ailleurs il a bien autre chose en tête !… Depuis la fin du bal, il fait sentinelle, l’épée à la main, au pied de l’escalier de la Tour-du-Guet.

— Il attend le baron ? demanda Mira.

— Et il l’attendra quinze jours s’il le faut ! répliqua le chevalier ; son valet hongrois est auprès de lui qui tient un sabre de rechange et deux paires de pistolets chargés… Si le baron est dans la tour, son affaire me paraît claire.

— Et où pourrait-il être ? demanda Van-Praët. Les gardes que vous avez mis à la grille du château pendant le bal sont des hommes sûrs ?

— Très-sûrs, répliqua Reinhold, et ils ont soulevé tous les masques… Il est clair comme le jour que Rodach n’a pu quitter Geldberg !