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Il y eut un silence durant lequel on n’entendit que l’effort pénible de leurs respirations oppressées.

— Lia, dit enfin Otto, je vous aimais… je vous aime !… Jamais une autre femme n’aura place dans mon cœur… Que Dieu vous fasse heureuse et me donne double part de souffrances !

La tête de la jeune fille s’appuya contre le sein du bâtard de Bluthaupt, et un sanglot souleva sa poitrine.

— Adieu ! reprit Otto en essayant de se dégager ; nous ne nous verrons plus en ce monde, Lia…

— Nous nous reverrons au ciel ! murmura la jeune fille d’une voix qui semblait mourir.

Et comme Otto poussait la porte pour se retirer, elle ajouta, ranimée par un élan de dévouement filial :

— Mon père !… vous ne m’avez pas promis la vie de mon père !

Otto s’arrêta, irrésolu.

— Je vous promets la vie de Mosès Geld, Lia, dit-il enfin ; mais il faut que justice soit faite, et mieux vaudrait pour lui la mort peut-être…

La porte retomba sur lui.

Lia se remit à genoux, et son front toucha l’herbe glacée qui croissait entre les pavés de la cour.