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CHAPITRE IX.

AVENTURES DE BAL.

À la vue du portefeuille, la vicomtesse détourna les yeux, et son masque ne put cacher entièrement l’angoisse qui était sur son visage.

— Je n’avais pas vu le meurtre, reprit l’Homme Rouge, et je ne savais pas le nom du meurtrier, mais Dieu mit un jour sur mon chemin un ancien serviteur du comte Gunther, que le hasard avait placé au bord de la Hœlle, à l’heure même du crime. Le secret du sang pesait à la conscience du pauvre homme… il me fit un aveu, et c’est grâce à lui que je peux vous dire : Celui-là est l’assassin de Raymond d’Audemer !

Son doigt tendu désignait de nouveau Reinhold, qui papillonnait gaiement parmi la foule, ne se doutant guère de ce qui avait lieu si près de lui.

Malgré les préventions entêtées de la vicomtesse, elle était émue profondément. Les paroles de l’inconnu avaient touché en elle une corde muette depuis longtemps, mais sensible encore. Elle avait aimé son mari avec dévouement et passion autrefois. Il y eut un silence pendant lequel la vicomtesse, la tête basse et la respiration oppressée, semblait hésiter gravement. L’inconnu demeurait immobile et attendait.

— Mais… dit enfin la vicomtesse qui trouvait ses mots avec peine, cet homme… cet ancien serviteur de mon oncle Gunther… où est-il ?