CHAPITRE V.
CONSULTATION.
Le médecin Saulnier disait à madame Batailleur :
— Il y a longtemps que cette pauvre enfant souffre ?
— Oui… répondait Batailleur qui jouait gauchement son rôle de mère ; je pense qu’il n’y a pas mal de temps…
— Vous ne le savez pas au juste ? demanda le docteur étonné.
— De quoi ?… si fait !… en voilà une idée !… ça serait drôle que je ne le saurais pas !…
Saulnier, après avoir tâté le pouls de la pauvre Nono endormie, releva les yeux sur la marchande.
— Avait-elle un médecin à Paris ? demanda-t-il encore.
— Oui… non… parbleu ! fit coup sur coup Batailleur.
Saulnier ne comprenait point l’embarras de cette femme, et de vagues soupçons lui venaient ; ce fut en ce moment que Sara le vit secouer la tête.
Puis en observant le sommeil de Judith, il poursuivait :
— Le caractère de l’enfant était-il gai ?… Semblait-elle heureuse ?
— Ma foi, dit Batailleur, pas trop, la pauvre fille !
— C’est que, murmura Saulnier, elle est bien malade !
Un énergique juron tomba des lèvres de Batailleur.