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CHAPITRE XIII.

LA TÊTE-DU-NÈGRE.

Si Franz eût regardé Hans Dorn en ce moment, il eût été frappé, sans doute, de l’effet produit par ses dernières paroles.

Le marchand d’habits avait détourné la tête ; il était pâle et ses paupières tremblaient.

Mais Franz, qui, en de certains moments, portait ses espérances jusqu’à l’exagération la plus folle, retombait bien bas, à ses heures de sang-froid. Il croyait dire ici une de ces choses énormes qui dépassent toute vraisemblance et auxquelles on ne répond pas.

— Si je n’avais pas eu bonne tête, reprit-il, voilà déjà trois semaines que je serais fou à lier, du fait de mes meilleurs amis !… On a voulu me faire croire, dans de bonnes intentions sans doute, que j’étais entouré par un cercle de mystérieux assassins !…

Tandis que Franz parlait, Gertraud regardait, étonnée, la figure de son père. L’émotion profonde et soudaine qui avait pris Hans Dorn, au moment où Franz prononçait au hasard le nom de Bluthaupt, avait été pour la jeune fille comme une demi-révélation ; jusqu’à ce moment, le marchand d’habits n’avait fait aucune confidence. Le secret qu’il avait à garder n’était pas le sien.

De temps en temps, quand la rêverie le prenait à l’improviste, quel-