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L’ancienne ligue s’était resserrée, et les deux associés manquant étaient remplacés, savoir : Zachœus Nesmer par M. le baron de Rodach, qui restait à Paris, d’où il envoyait régulièrement les fonds nécessaires à la fête, et Mosès Geld par madame de Laurens.

Celle-ci avait fait la paix avec le docteur José Mira. Petite avait oublié, en apparence du moins, la révolte du Portugais, et le Portugais s’était refait esclave.

Au moment où il était question de tant de millions, on ne pouvait vraiment pas se brouiller pour une pauvre somme de cent mille écus !

Surtout, en considérant que cette somme était dépensée dans l’intérêt commun. Le baron de Rodach, en effet, remplissait avec une exactitude scrupuleuse son office de caissier ; grâce aux sommes qu’il avait procurées, la crise s’était abouti à bien, et quoique l’argent ne manquât point au château de Geldberg, les paiements se faisaient à Paris d’une façon courante et régulière.

Ce baron était en vérité un homme précieux, et sans lui la maison de Geldberg n’eût pas vécu peut être à l’heure où se donnait cette fête opulente du château d’Allemagne !

On pouvait bien l’admettre pour associé aux lieu et place de son ancien patron Zachœus Nesmer.

Ils étaient donc de nouveau six alliés, comme au début de cette histoire ; le jeune M. de Geldberg restait en dehors de l’association secrète.

Aujourd’hui, comme autrefois, les six alliés se détestaient entre eux, se défiaient les uns des autres et poursuivaient le meurtre d’un homme.

Il y avait pourtant une différence entre le temps présent et le passé ; cette différence était tout entière dans la position du baron de Rodach vis-à-vis de ses confrères.

Chacun de ces derniers, excepté le seigneur Yanos, avait essayé sous main de conclure avec le baron un traité de paix particulier.

Madame de Laurens, le docteur Mira, Reinhold et l’excellent Van-Praët lui-même avaient cherché à se concilier cet homme, dont l’énergie puissante leur faisait peur.

En même temps, ils s’étaient ligués tous ensemble contre lui.

Ils ne demandaient pas mieux qu’à le frapper, tout en ayant l’air d’im-