servirait de moi contre Franz, tout en me combattant pour tout le reste.
» C’était là, en définitive, sa situation vis-à-vis des associés de Geldberg.
» — En somme, dit-elle après un silence, quel est le message du docteur ?
» — La maison, répondis-je, a besoin de trois cent mille francs pour ce soir.
» Son fauteuil recula, tant elle frappa du pied le tapis violemment.
» — Et que me fait cela ? s’écria-t-elle ; à supposer que j’aie reçu de l’argent, pense-t-on que je l’aie gardé dans mon secrétaire ?…
» — On pense, Madame, que vous avez fait beaucoup mieux… on va plus loin même : on est certain que, grâce à une femme, appelée Batailleur, qui est votre prête-nom, vous possédez plus de quatre millions en valeurs diverses…
» Ses sourcils se froncèrent, et un courroux sanglant brûla dans son œil.
» — Ah !… murmura-t-elle, je vois qu’il vous a raconté tous ses rêves !… vous savez tout ce qu’il se figure !… Il ne vous a rien caché des chimères qui emplissent son cerveau malade. Monsieur, cet homme est fou !… je n’ai rien, et la maison de mon mari est sur le point de tomber…
» — Cela ne m’étonne pas, Madame… de deux millions cinq cent mille francs que vous avez pris dans la caisse de Geldberg, jusqu’à vos quatre millions, il y a quinze cent mille francs de différence… peut-être avez-vous davantage… En tous cas, c’est bien assez pour expliquer la faillite de votre mari.
» — Monsieur !…
» — Madame, si mes souvenirs ne me trompent point, je vous ai promis avant-hier que le jour approchait où je vous dirais tout ce que je sais sur votre compte… le jour est venu et me voici prêt à tenir ma promesse.
» Ses yeux se baissèrent sous mon regard.
» — Eh bien ! murmura-t-elle, parlez !
» — Je passerai sous silence, repris-je, ce que je sais de votre vie galante… vos amants, votre maison de jeu même, tout cela me paraît vé-