CHAPITRE IV.
CINQ POINTS D’ÉCARTÉ.
Les deux voyageurs, que nous avons entendu nommer Albert et Goëtz, écoutaient d’un air soumis et triste ; ils ne songeaient, ni l’un ni l’autre, à repousser ces reproches, qui trouvaient de l’écho au fond de leurs consciences.
— C’est vrai, dit enfin Albert, qui perdit sa fanfaronnerie enjouée, nous avons manqué à notre devoir.
— Nous avons quitté notre poste, ajouta Goëtz, dont la voix indolente avait pris un accent ému.
Leurs mains cherchèrent celles d’Otto dans l’ombre.
— Frère, dirent-ils ensemble, pardonnez-nous !
— Pardonnez-nous, reprit Albert. Dieu vous a donné la sagesse pour nous trois… Et si nous avons fait quelque chose de bien en notre vie, ce fut toujours en exécutant vos ordres.
— Vous n’étiez pas là, poursuivit Goëtz ; vous restiez tout le jour dans la maison de Geldberg… Et que sommes-nous sans vous ?… De vieux enfants, qui n’ont pas encore appris à se conduire !
Il y avait quelque chose de singulièrement touchant, dans cette prière soumise de deux hommes forts, qui s’humiliaient volontairement et demandaient grâce, avant de chercher une excuse.