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Rodach serra la main de l’ancien page entre les siennes.

— Merci ! dit-il avec émotion, Dieu vous récompensera, mon brave compagnon… mais vos économies seraient une goutte d’eau dans la mer… ce sont des sommes énormes qu’il me faut… Quand je suis arrivé ici, je me croyais bien riche… et dans trois jours, mes ressources ont été presque épuisées… si vous saviez comme l’or glisse entre mes mains ! j’ai à soutenir la maison de Geldberg qui tombe…

— La maison de Geldberg ! interrompit Hans stupéfait ; la maison des ennemis mortels de Bluthaupt.

— Plus tard, je vous expliquerai ce mystère… outre cela, je vais avoir les équipages de notre Franz à monter sur un pied royal… jeudi, je pourrai puiser à certaine source, que je crois abondante… mais d’ici là…

Il mettait le pied en ce moment sur le pavé de la place de la Rotonde, et il fut interrompu par les huées enfantines qui accueillaient l’arrivée du bonhomme Araby.

— Qu’est cela ? demanda-t-il.

— C’est un homme qui pourrait bien faire votre affaire, répondit Hans Dorn en souriant, si vous avez des gages à lui donner.

Rodach essaya de voir ; il n’aperçut qu’un morceau de fourrure pelée se balançant à la hauteur des têtes et glissant vers le bâtiment de la Rotonde.

Hans poursuivait :

— C’est le grand banquier du temple !… il achète les hardes volées et prête de l’argent à dix pour cent par semaine… C’est Araby, l’usurier.

— J’ai entendu parler de lui plus d’une fois, répliqua Rodach, dont le regard se dirigeait toujours du côté de la Rotonde. Ce nom d’Araby doit être un sobriquet ?

— On n’en sait rien… Depuis le premier jour où son trou s’est ouvert, je l’entends appeler ainsi.

— Mais d’où venait-il ?

— On l’ignore.

— Et personne n’en sait plus long que vous à ce sujet ?

— Personne.

— Mais il doit avoir des amis, des connaissances, à tout le moins ?