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CHAPITRE III.

LA BOUTIQUE D’ARABY.

Au son de la cloche, Hans se leva d’instinct ; il avait l’habitude d’obéir tous les jours à ce signal. Il prit dans un coin de la chambre son sac de toile et mit son chapeau sur sa tête.

Puis le rouge lui vint au front, et il se découvrit précipitamment.

— Pardon, gracieux seigneur, balbutia-t-il, cette cloche…

— C’est l’heure du marché ? interrompit Rodach en se levant à son tour.

— C’est l’heure, répliqua Hans Dorn, qui avait jeté son sac de toile, et j’oubliais que je ne suis plus marchand d’habits, mais bien, comme autrefois, le serviteur de Bluthaupt… Je ne l’oublierai plus.

Tout en parlant ainsi, Hans roulait son chapeau entre ses doigts d’un air d’indécision.

— Et pourtant, reprit-il, si je ne me montre pas sur le Carreau un jour de grand marché, les amis clabauderont, et ce coquin de Johann pourra bien se douter de quelque chose…

— Vous êtes sûr qu’il ne sait rien jusqu’à présent ? demanda vivement le baron.

— J’en suis sûr… Quand vous entrâtes, l’autre soir, au cabaret de la Girafe, Johann était allé chercher du vin… à son retour, les camarades