Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/828

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un joyeux attroupement d’où partaient des huées et des éclats de rire.

— Auguy ?…[1] Auguy !… disaient les enfants ; oh ! hé ! vieux père Araby !…

Hans Dorn sortait en ce moment de l’allée qui conduisait à sa demeure ; il accompagnait M. le baron de Rodach, dont la voiture stationnait à la porte.

Le flot des enfants perçait la foule à quelque cinquante pas d’eux.

Le nom d’Araby vint à plusieurs reprises frapper l’oreille du baron ; son attention parut enfin excitée et il tourna la tête vers l’attroupement, qui déjà s’éloignait.

Le doigt de Hans guida son regard. Il aperçut quelque chose de fauve et de tremblotant qui perçait la foule aux abords de la Rotonde.

Il ne put distinguer. Le bonhomme Araby, cependant, harassé de fatigue, plié en deux et pouvant à peine se soutenir sur ses jambes chancelantes, dépassa les piliers du péristyle et disparut dans son trou.

La troupe de ses petits persécuteurs resta un instant devant sa boutique, puis elle se dispersa encourant, après avoir jeté une dernière huée :

— Oh ! hé ! Araby ! Auguy !… Auguy !




  1. Cri particulier au Temple, et dont nous ne ferons pas remonter la source au temps des druides. Les enfants l’accompagnent d’un geste singulier qui consiste à tirer un coin de leur blouse, roidi en oreille de porc. Ce cri et ce geste réunis constituent le plus sanglant des outrages.