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— Où prendre de la lumière ? demanda le baron.

— Il y a un bout de chandelle sur ma malle, derrière la porte… Les allumettes sont sur la chaise, à côté de moi, prenez garde à ma pipe ! Oh ? oh ! vous avez bien fait de venir, car j’avais presque autant d’envie d’un procureur du roi que d’un médecin !

Rodach frotta une allumette chimique contre le carreau ; là mansarde, éclairée soudain, montra la nudité de ses murailles poudreuses.

Verdier avait réussi à se mettre sur son séant.

À la vue de Rodach, il ouvrit de grands yeux effarés.

— J’ai le délire ! grommela-t-il en se laissant retomber lourdement, ou c’est le diable !…

Rodach cependant furetait de tous côtés, cherchant de quoi satisfaire la soif du malade. Il s’approcha bientôt du lit, tenant à la main la tasse pleine.

— Buvez, dit-il.

Verdier se retourna, pâle d’effroi encore plus que de souffrance.

Il but et rendit la tasse au baron, sans oser lever les yeux sur lui.

— Merci, monsieur Goëtz, murmura-t-il, j’espère que vous m’avez fait assez de mal et que vous ne tenez pas à m’achever ?…

— Le chevalier de Reinhold n’est donc pas venu ? demanda Rodach au lieu de répondre.

— Le misérable coquin ! s’écria Verdier, qui retrouva quelque peu de force dans sa colère ; le lâche usurier !… Si vous saviez, monsieur Goëtz !

— Je sais tout, interrompit Rodach.

— Vous le connaissez donc ?

— Je sors de chez lui.

— A-t-il reçu ma lettre ?

— Oui.

— Vous venez peut-être de sa part ?…

— Non.

Verdier parut attendre que le baron s’expliquât davantage. L’effort qu’il venait de faire le lassait ; la réaction arrivait après cet élan de fièvre, et il se sentait retomber, plus épuisé que jamais.

— J’étais avec monsieur de Reinhold quand votre lettre est venue, reprit Rodach.