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CHAPITRE XIV.

LA MAISON DE JEU.

La maison de jeu de madame la baronne de Saint-Roch, située rue des Prouvaires, était un tripot d’ordre moyen, où la proximité des halles et de la rue Saint-Denis se faisait parfois trop sentir.

Pour emplir ses salons, madame la baronne était obligée de recevoir bien des petites gens, ce qui est déplorable pour une personne de sa sorte. Elle ouvrait sa maison à des caissiers en débauche, à des commis pervers, à des petits commerçants, mauvais sujets timides, qui lésinaient dans le vice et comptaient avec la passion.

Heureusement que le voisinage du Palais-Royal lui fournissait un noyau d’habitués plus sortables : des roués de province, des seigneurs d’aventures, des étrangers enfin, cette proie enviable que tous les tripots se disputent.

Il est assurément fort désobligeant, pour un aigre-fin qui s’intitule Monsieur le comte, de s’asseoir côte à côte auprès d’un teneur de livres de la rue des Lombards ; mais les maisons de jeu, montées sur un certain pied, se font rares, et la police a le diable au corps. On ne peut plus choisir. Les beaux jours de la roulette sont passés, et le joueur, qui est naturellement philosophe, prévoit d’un cœur stoïque le moment où le roi de