CHAPITRE VI.
POLYTE.
En sortant du cabaret de la Girafe pour aller faire la digestion sur les boulevards, le brillant Polyte passa devant Johann et le chevalier, sans les apercevoir. Ce n’était point aux petits bourgeois du Temple qu’il pouvait songer en ce moment ; il avait presque dîné deux fois ; sa canne à pomme dorée faisait le moulinet d’elle-même dans sa main ; son chapeau s’inclinait à la mauvais, sur son oreille, et il mâchait un cure-dent de cet air vainqueur qui parle hautement de truffes et de Champagne. — Il n’avait mangé que beaucoup de veau.
Mais il aimait le veau.
Il allait le nez au vent et touchait à peine la terre. À quelques pas de la rue de Vendôme, sa marche fut arrêtée brusquement. Il venait de heurter un individu arrêté sur le trottoir, qui se rangea sans mot dire et céda la place d’un air humble.
L’individu heurté ne releva point sa tête baissée tristement ; ses bras tombaient le long de son corps ; on ne voyait point son visage, caché sous cette pauvre casquette, commune aux commissionnaires et aux joueurs d’orgue ambulants.
D’instinct, la vaillante canne de Polyte se leva terriblement ; dans un