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— Puisque le voilà, murmura-t-il d’une voix creuse, ce doit être l’enfer !…

— Allons ! dit Bouton-d’Or, — peignez-vous comme des enfants bien gentils !…

— Allons, l’Amour !

— Allons, la Chopine !

Fritz écarta lentement ses cheveux des deux côtés de son front, et se frotta les yeux comme un homme qui s’éveille.

La pensée confuse bourdonnait dans son cerveau où il n’y avait que ténèbres.

— L’enfer ! répéta-t-il. Tous ces gens sont des damnés… et lui, oh ! l’assassin maudit ! comme son cœur doit brûler !…

La foule tressaillait, impatiente.

Fritz fit un pas en avant et mit ses deux mains sur les épaules de Reinhold, qui poussa un grand cri et s’affaissa sur le sol, comme si la foudre l’eût frappé…

En voyant tomber le chevalier, les habitués des Quatre Fils poussèrent une longue acclamation.

— L’Amour est battu, s’écria la duchesse ; Bouton-d’Or, tu me dois dix ronds !

— Minute ! répliqua l’enfant ; — voici la Chopine qui tombe ; c’est manche à !…

Fritz s’était appuyé en effet de tout son poids sur les épaules du chevalier ; ce soutien lui manquant, il se balança durant une seconde en équilibre, puis retomba lourdement la face contre terre.

Un sommeil pesant l’accabla aussitôt ; il ne bougea plus.

— Le voilà qui casse une canne (ronfle), dit Johann à Mâlou ; gardez-le-moi dans un coin… Maintenant faites calleter (disparaître) le dâb… Il en a tout ce qu’il peut porter.

Les deux amis, faisant assaut de zêle, se jetèrent à la fois sur le chevalier et l’enlevèrent dans leurs bras. La foule s’était amassée entre eux et la porte du billard ; ils la percèrent en trois coups de coudes et se trouvèrent bientôt dans la petite cour humide, décorée du titre de jardin.

Ils auraient pu déposer là le chevalier ; mais ils tenaient sans doute à