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CHAPITRE V.

LA TACHE DE SANG.

Chaque fois que le comte buvait une dose de l’élixir composé par José Mira, sa faiblesse augmentait. Après un instant de bien-être, où sa décrépitude semblait galvanisée, il tombait dans une torpeur lourde. Son esprit et son corps fléchissaient à la fois sous un abattement profond.

Ce soir, il éprouvait plus vivement que d’habitude le double effet du breuvage, à la confection duquel le savant docteur avait apporté sans doute un soin plus grand.

Une minute après que ses lèvres eurent touché le gobelet d’or, il était plongé dans une sorte d’assoupissement qui lui laissait néanmoins la conscience de ce qui se passait autour de lui.

Sa tête, penchée sur sa poitrine, et qui semblait supporter un invisible poids, se relevait de temps en temps avec effort. Son regard éteint allait lentement de l’un à l’autre de ses compagnons ; puis sa paupière pesante se refermait, et sa tête retombait.

José Mira suivait ses mouvements d’un œil curieux. Le gros Fabricius Van-Praët, installé carrément dans son fauteuil, regardait flamber les souches de pins et ne songeait guère au miracle hermétique qui était en train de s’accomplir dans la solitude du laboratoire, tout en haut de la