Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/494

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’était pour lui une manière d’exorde muet et par insinuation.

Au bout de quelques secondes, il mit ses deux coudes sur ses genoux et se pencha en avant ; puis il reprit la parole d’une voix discrète et toute confidentielle.

Rodach l’écoutait attentivement.

Cela dura dix minutes, au bout desquelles le baron se leva.

— C’est une affaire entendue, monsieur le docteur, dit-il. Je n’ai point encore pris de rendez-vous à Paris depuis mon arrivée, par conséquent l’heure et le jour me sont indifférents.

— Il faut songer aux échéances, répondit Mira ; c’est jour de payement le 10… S’il vous plaît, je prendrai rendez-vous pour le 8.

— Pour le 8, soit.

— À midi, si l’heure peut vous convenir.

— Midi me convient parfaitement.

— N’oubliez pas surtout !… jeudi prochain, 8 février, à midi, vous serez chez madame de Laurens.

— Je m’y engage, monsieur le docteur.

— Monsieur le baron, je compte sur vous et je vous prie d’accepter mes remerciements bien sincères.

Mira tendit sa main que Rodach toucha.

Ils se séparèrent, et, au moment où Rodach passait le seuil, il put entendre la voix du docteur qui répétait par excès de précaution :

— Jeudi, 8 février, à midi !…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

C’était dans une sorte de boudoir, meublé avec un luxe fort coûteux, mais privé jusqu’à un certain point de ce goût qui donne du prix à toutes choses.

Il y avait des meubles magnifiques, affectant des formes bizarres et des façons prétentieuses de se tenir sur leurs quatre pieds. Le tapis valait son pesant d’or ; les rideaux éblouissaient, et les draperies qui habillaient les murailles se cachaient presque sous une profusion de cadres guillochés. On voyait là quelques tableaux de maîtres et beaucoup de croûtes, achetées un prix fou. Les billets de banque ne savent point donner le senti-