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— Étonnamment ! murmura le docteur ; — c’est au point que l’idée m’est venue…

Il s’arrêta comme s’il n’eût point voulu achever sa pensée.

— Ma foi ! s’écria Reinhold, je ne trouve pas beaucoup de ressemblance entre M. le baron et les Bluthaupt que j’ai connus… Mais ce qui est certain, c’est que ce petit Franz avait tous les traits de la comtesse Margarethe, et, par conséquent, ceux de mademoiselle d’Audemer… Je ne puis pas comprendre comment cela ne m’a pas frappé plus tôt !

» Pour en revenir à notre histoire, au lieu d’attendre mon jeune homme, je descendis l’escalier quatre à quatre. Mes idées avaient changé. Ce n’était plus en Angleterre ni dans les Pays-Bas que je voulais l’envoyer, c’était beaucoup plus loin… »

— L’avez-vous donc reconnu à cette seule circonstance du médaillon ? demanda M. de Rodach.

— Moralement, c’était tout ce qu’il me fallait, répondit Reinhold ; — cela suffit à me dessiller les yeux. Les traits du jeune homme me revinrent à la mémoire ; bref, je fus persuadé, dès ce moment, autant que je le suis aujourd’hui… mais j’avais un moyen de parfaire ma conviction, et je l’employai.

» Le hasard m’avait fait retrouver, au marché du Temple où j’ai des intérêts assez considérables, cette femme Batailleur, à qui notre ami le Madgyar avait confié l’enfant, quatorze ou quinze ans auparavant.

» Je me rendis chez elle, le soir même, et je l’interrogeai. Elle me dit que l’enfant qu’on lui avait apporté autrefois avait nom Franz, en effet ; — Franz tout court.

» Il y a plus, elle se souvenait du médaillon ; à telles enseignes qu’elle en avait vendu jadis le cadre d’or, pour mettre à sa place un petit cercle de cuivre.

» Le lendemain, je fis chercher querelle à Franz par son chef de bureau, et il fut congédié tout doucement.

» Vous trouverez peut-être qu’il était imprudent de brusquer ainsi les choses ; mais il vient ici tous les jours des gens d’Allemagne. Le hasard pouvait amener quelque rencontre fâcheuse…

» D’ailleurs, pour avoir quitté la maison, il n’en était pas moins sous