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CHAPITRE XIV.

LES TROIS CLEFS.

An nom de Rodach, les trois associés saluèrent, et le jeune M. de Geldberg aussi bas que les autres.

— Si monsieur le baron avait eu la bonté de nous dire son nom tout de suite… balbutia-t-il.

— Mon jeune Monsieur, répliqua Rodach, j’ai vu bien des négociants en ma vie, et je me formalise seulement dans un salon ou dans la que… ne prenez pas la peine de vous excuser, puisque le mal vient de moi… Comme je vous le disais dans ma lettre, dont, à ce qu’il paraît, vous gardez un souvenir très-vague, j’ai fait pendant un an toutes les affaires de votre correspondant et ami Zachœus Nesmer… Cet honnête homme n’avait pour moi aucun secret… je connais sa vie présente et passée, et je n’ignore rien des rapports excessivement intimes… il appuya sur ces derniers mots… qui existèrent à une autre époque entre lui, ces deux messieurs et Mosès de Geldberg.

Le sourire de Reinhold se changea en grimace ; Mira lui-même ne put retenir un léger froncement de sourcils.

— Je sais tout, reprit Rodach, absolument tout, depuis la mort du comte Ulrich jusqu’à celle de Nesmer lui-même !

La voix de Rodach eut comme un tremblement imperceptible en pro-