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CHAPITRE IX.

UNE FÊTE PROMISE.

On était à déjeuner chez madame la vicomtesse d’Audemer.

La salle à manger donnait sur le derrière de la maison, et le bruit des rares voitures qui traversent, à de longs intervalles, les rues de Beaujolais et de Bretagne, ne parvenait point jusqu’aux oreilles des convives.

C’était, au milieu de Paris, le silence qui règne dans les calmes campagnes ; les mille voix de la ville bavarde s’étouffaient au loin : on eût dit que cent lieues séparaient cette tranquille retraite du pavé retentissant des boulevards.

Madame la vicomtesse Hélène d’Audemer était assise entre ses deux enfants, Julien et Denise.

Le visage de la vicomtesse était doux et gardait des traces de beauté. Ses cheveux blonds se bouclaient encore autour de son front, où l’œil attentif aurait eu de la peine à découvrir quelque ride naissante. Elle avait dû ressembler dans sa jeunesse à sa sœur Margarethe, — non point à la pauvre femme que nous avons vue mourante et couchée sur son lit d’agonie, mais à Margarethe, heureuse et brillante, souriant aux espoirs gais de ses belles années.

Il y avait vingt ans que Margarethe n’était plus. Ceux qui l’avaient connue auraient pu trouver encore néanmoins quelques vagues rapports