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CHAPITRE VIII.

LA CASSETTE.

Gertraud reconnut d’un seul coup d’œil ce personnage mystérieux et terrible, qui jouait un rôle si étrange dans le récit de Franz. Elle resta immobile et comme ébahie devant la porte, ne cherchant point à dissimuler sa frayeur.

— C’est ici la demeure de Hans Dorn, le marchand d’habits ? demanda le cavalier allemand avant de franchir le seuil.

En même temps, il souleva son chapeau avec une courtoisie grave et découvrit son front hautain, où cette nuit de veille n’avait laissé aucune trace de fatigue.

C’était un front pur et sans rides, couronné par les anneaux d’une belle chevelure noire.

Gertraud, la pauvre fille, voyait ce visage noble et fier à travers son épouvante ; elle baissait les yeux et n’osait point répondre.

Le baron de Rodach fit un pas au delà du seuil. Son regard, en tombant sur Gertraud, était doux comme celui d’un père.

— Ma belle enfant, dit-il, me voici entré chez vous sans attendre votre réponse… Vous m’avez oublié peut-être, mais moi je vous reconnais, parce que je me souviens de votre bonne mère, dont vous avez les traits et sans doute le cœur…