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pour confidente, et le moins dangereux était de se confesser avec bonne grâce.

— Je pense que vous excuserez ma franchise, Madame, reprit Reinhold, et que vous ne m’en voudrez point si je me suis exprimé sans détours… encore une fois, j’aimerais mieux que ce secret fût resté le mien… mais, puisqu’on a jugé à propos de vous instruire, ajouta-t-il en flagellant du regard le Portugais, qui resta impassible, — je vais répondre en deux mots à votre question… La maison de Geldberg peut être bien tranquille : ce jeune homme, quel qu’il soit en réalité, fût-il même le fils du diable, comme vous l’appeliez tout à l’heure, ne pourra bientôt plus rien contre nous.

— Ce n’est donc pas fait encore ? dit madame de Laurens.

— Ce sera fait demain matin.

Petite renversa sa tête charmante sur le dossier de son fauteuil,

— Ça traîne bien ! — murmura-t-elle avec nonchalance… — il me semble, à moi, que si je voulais la mort d’un homme, je saurais bien me passer d’aide.

— Ce serait un doux trépas, belle dame !… commença Reinhold, déterminé à s’engager dans un périlleux compliment.

Petite se leva tout à coup et l’interrompit.

— Quelle partie interminable ! dit-elle ; excusez-moi, chevalier, si je vous enlève votre partner… Mais, comme vous avez pu le voir tout à l’heure, le docteur m’est très-utile, et je ne cause jamais avec lui sans être de moitié plus savante…

Le Portugais recula son fauteuil et se mit sur ses pieds. Reinhold se retira en faisant un grand salut.

Petite appuya sa main blanche sur le bras du docteur.

— Qu’y a-t-il de nouveau ? dit-elle.

— Rien, répondit Mira.

— A-t-on toujours des craintes pour la prochaine échéance ?

— Beaucoup de craintes.

— Van-Praët a-t-il écrit ?

— Deux fois depuis hier.

— Et la maison de Londres ?