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CHAPITRE VIII.

UN INTÉRIEUR PATRIARCAL.

Les bureaux de la maison de Geldberg, Reinhold et compagnie étaient situés dans la rue de la Ville-l’Evêque, au faubourg Saint-Honoré.

C’était un fort bel hôtel, bâti par quelque grand seigneur au commencement du règne de Louis XVI, et tombé de révolutions en chutes dans le domaine de la finance.

À part les bâtiments principaux qui vous avaient un grand air d’aristocratie et ne déparaient nullement ce quartier fastueux, patrie du sport parisien et des splendeurs exotiques, M. de Geldberg avait fait construire de spacieuses dépendances, où d’innombrables commis égratignaient, avec des plumes de fer, le papier réglé des livres de banque.

Ces commis s’estimaient trois fois plus que des sous-chefs de ministère. La haute considération dont jouissait la maison de Geldberg déteignait jusque sur ses employés, qui étaient des personnages.

Les expéditionnaires avaient de ces tournures qui commandent le respect ; les teneurs de livres vous eussent inspiré une vénération sans égale ; les chefs de correspondance ne pouvaient être comparés qu’à des avoués près la cour royale ou à des sous-préfets, tant ils avaient bonne mine.

C’était merveille que de voir la tenue de ces bureaux modèles. Les garçons de recettes étaient de vieux braves de l’empire. Les papas des surnu-