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La servante souleva le marteau. Franz haletait et tenait à deux mains son cœur qui sautait dans sa poitrine.

La porte s’ouvrit. Comme elle était lourde et dure, Marianne la servante, passa la première, afin d’éviter à sa jeune maîtresse la peine de la pousser.

Au moment où la jeune fille allait entrer à son tour, Franz s’élança comme un trait, saisit la poignée de fer qui servait en même temps de marteau, et attira violemment la porte qui se referma avec bruit.

La jeune fille resta interdite et tremblante. Elle n’eut pas même la force de crier, tant elle était épouvantée.

La servante, cependant, s’était retournée au bruit de la porte, afin de chercher derrière elle sa maîtresse ; puis elle se tourna encore et la chercha devant. Personne !

La voûte était un peu sombre, et les yeux de la vieille femme ne valaient pas grand’chose, pour avoir fait trop d’usage.

— Denise, mademoiselle Denise ! dit-elle, où êtes-vous ?

Denise n’avait garde de répondre.

La vieille Marianne tournait toujours sur elle-même et cherchait.

Elle s’arrêta enfin essoufflée.

— Elle aura passé entre moi et le mur, grommela-t-elle avec un peu de colère ; cette jeunesse est si leste !… Je parie qu’elle a déjà monté l’escalier, et que je vais la trouver déshabillée !

Ces réflexions la rassurèrent complètement, et si bien, qu’elle entra chez la concierge, afin de reprendre haleine.

À quelques pas de là, derrière la porte fermée, Denise et Franz étaient plantés l’un devant l’autre, tous deux immobiles et muets tous deux.

La jeune fille n’était plus si épouvantée parce qu’elle avait reconnu Franz ; mais Franz était atterré par sa propre audace, et il ne pouvait point trouver de paroles pour implorer ou pour s’excuser.

Néanmoins, il restait entre Denise et la porte, afin de lui barrer le passage.

Ce fut la jeune fille qui rompit la première le silence :

— Laissez-moi passer, monsieur, murmura-t-elle ; le carnaval autorise, dit-on, bien des folies… Je ne veux point donner à celle-ci plus d’importance qu’elle n’en mérite, et je vous promets de l’oublier.