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montant et la pelure (le pantalon et l’habit)… avec ça que le vlan est fermé généralement partout… en voilà de la chance !

L’Auvergnat, l’ouvrier et le gamin passaient ; d’autres venaient après eux, et c’était toujours la même histoire.

Une poussade plus vive que les autres éveilla Frantz de sa rêverie. Il jeta les yeux autour de lui et rougit de colère comme un enfant qu’il était, en se voyant le point de mire de tous ces regards moqueurs. Ses sourcils délicats se froncèrent ; sa main blanche se ferma comme s’il eût voulu commencer un combat à coups de poing.

Il y eut dans la foule un énorme éclat de rire.

Frantz rougit jusqu’aux oreilles, et tourna le dos en se dirigeant vers la rue du Petit-Thouars.

Le baron de Rodach, qui le cherchait toujours, arriva quelques secondes après devant la baraque de l’inspecteur ; mais Frantz était déjà loin et le jour baissait de plus en plus. Le baron ne l’aperçut point.

Il s’approcha d’une boutique où la vente semblait absorber moins complètement la marchande.

— Pourriez-vous me dire où est la place de madame Batailleur ? demanda-t-il.

— Connais pas, répondit la dame interrogée, par pure jalousie de métier.

— Et le marchand d’habits Hans Dorn ?

— Connais pas.

Le baron fouilla encore la cohue du regard. Il crut voir une tournure ressemblant à celle de Frantz, et il poursuivit sa recherche, remettant ses autres questions à un autre moment…

Si Frantz, en descendant de voiture, s’était rendu tout de suite dans la rue du Petit-Thouars, il eût trouvé peut-être ce qu’il cherchait ; mais il avait perdu son temps avec les marchands du Palais-Royal et du pavillon de Flore. Quand il arriva dans le vrai centre de la friperie, la cloche de clôture tintait son premier son, et les échoppes fermaient.

Il alla néanmoins de porte en porte, honteux et découragé, offrant partout ses habits à vendre.

Partout ou lui disait de revenir, parce que la nuit tombante ne permettait plus d’examiner les étoffes.