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210 LE DERNIER VIVANT

— J'ai l'honneur de vous remercier, Enchanté d’avoir passé quelques instants avec vous. Je vais avoir le regret de prendre congé parce que je dois reconduire une petite dame,

Je crus voir qu'il se rengorgeait un peu eu prononçant ces derniers mots, Il paya le garçon et jeta un coup d'œil à la glace qui lui renvoya son sourire éminemment s- tisfait,

— Cher monsieur, reprit-il, maintenant achevez votre lecture tout à votre aiso. Après tout, ce fatras propose un rébus assez piquant pour un amateur, Quand vous aurez fini, si vous croyez avoir besoin de mon expé- rience, vous savez mon adresse. Ma collection de petites histoires est entièrement à votre service,

J'étais en train de le remercier poliment, lorsque la surprise m'arracha un cri qui le fit changer de couleur, deux fois dans une seconde.

— Je suis nerveux comme une douairière.. balbutia- +-il en manière d'explication.

Mais je ne songeais guère à ses nerfs, ni à son trouble, quoiqu'il eût véritablement fait un saut de côté comme un homme à qui on aurait mis un revolver sous le nez,

Je venais d'apercevoir, par la fenêtre, au haut du perron de l'Opéra, cette jeune femme si belle et si triste que j'avais vue, le matin même dans la chambre de Lu- cien.

Celle qui guettait son sommeil pour entr'ouvrir une porte et glisser un regard; celle qui m'avait dit avec une si douloureuse mélancolie : « Il n'aurait pas de plaisir à me voir, »

Elle donnait le bras a un homme entre deux âges,